Les cigales

Les entendez-vous depuis le début du mois d'août ?

Les matins d’été, dès les premières lueurs, elles chantent et vous réveillent certainement.

Les cigales (Maemi / 매미) ne sont que quelques dizaines dans les arbres des rues coréennes pour le moment. Mais elles ne tarderont pas à se réveiller de leur torpeur qui a duré près de 10 mois !

Bientôt, elles chanteront tellement fort et en tellement grands nombres qu’il vous sera sans doute difficile de parler au téléphone, ou même d’entendre les jacasseries de votre collègue à côté de vous (Jusqu’à 120 Db par individu = 1 marteau piqueur).

Les plus grosses peuvent causer des pertes irrémédiables d’audition si l’insecte chante à moins de 10 cm de votre oreille. Oubliez les « tsi tsi tsi » aux accents marseillais ou provençaux, vous êtes dans la patrie des cigales coréennes, qui comme leurs homologues humains, ne font rien à moitié !

Plus imposantes que celles de nos contrées occitanes, les cigales du « Pays des Matins Clairs » sont divisées en 13 catégories, reconnaissables par leurs tailles et leurs chants.


Symbole

Traditionnellement, et de façon similaire aux traditions japonaises et chinoises, les Coréens considèrent la cigale comme un symbole particulier. Associée à la renaissance/résurrection, elle est également symbole d’abondance et de tromperie stratégique.

L’étape de changement de morphologie et de perte de son ancienne peau lui confère en Asie extrême-orientale des vertus de stratagème et d’ingéniosité. Pour les Bouddhistes et les Shintoïstes, l’Être humain est comme la cigale: il doit perdre plusieurs « peaux » et se transformer par étape pour atteindre le stade de l’illumination/de la perfection.

Dans la culture

On la retrouve aussi souvent dans les films coréens en fond sonore, pour marquer la période estivale. Associée à l’été, la cigale apporte également une connotation de chaleur, de romance, d’abondance, et de prélude à un nouveau cycle qui commencera par des difficultés (l’automne et l’hiver) avant d’apporter de nouveau un cycle prospère. Sa période d’apparition et de vie se situe généralement entre fin-juillet et début septembre, quand les beaux jours et la chaleur se sont débarrassés des pluies d’été.

Enfin, sa longue période larvaire pour quelques semaines d’ébats et de vie à l’air libre, amène souvent les Coréens à penser que leur vie est similaire à celle de la cigale: beaucoup de travail, beaucoup d’étapes à franchir, pour une gloire et une liberté somme toute éphémères.

Son chant est d’ailleurs également reproduit dans certaines danses folkloriques (comme le samulnori / 사물놀이 ou le pungmul nori / 풍물놀이) par une mini-cymbale appelée Gwaenggwari / 꽹과리. En effet, la cigale ne frotte pas une partie de son corps pour produire son chant. Le mâle possède des organes internes appelés cymbales. Cette partie semi-rigide est pliée par un muscle. En se détendant, la cymbale produit un son, qui est amplifié par le corps de l’insecte. C’est ainsi que le mâle attire les femelles pour se reproduire.


Elle fait donc partie de ces animaux folkloriques que bien des Étrangers ignorent avant de venir en Corée… jusqu’à ce qu’ils soient assourdis par son omniprésence estivale.


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